La naissance et la création de notre premier Franc

La naissance et la création de notre premier Franc

Aujourd’hui j’ai choisi non pas de vous « parler » de détecteurs de métaux et de leurs avancées technologiques, mais plutôt de la naissance du Franc. Notre monnaie nationale qui a perduré jusqu’au 31 décembre 2001 pour faire place à l’euro et qui a cessé d’avoir cours légal  le 18 février 2002.

Savez-vous qu’elle est l’origine du Franc ?

Eh bien la création de cette monnaie est actée le 5 décembre 1360. Il s’agit de celle que vous avez en illustration : Le Franc à cheval, une monnaie d’or de 3,885 g d’or à 24 carats.

Sa légende et sa description sont les suivantes :

À l’avers : IOHANNES : DEI : GRACIA : FRANCORV : REX (Jean, par la grâce de Dieu, roi des Francs), le Roi à cheval, galopant à gauche, l’épée haute, coiffé d’un heaume couronné sommé d’un lis, portant par-dessus sa cotte d’armes fleurdelisée ; caparaçon du cheval fleurdelisé
Au revers :+XPC*VINCIT*XPC*REGNAT*XPC*IMPERAT* (Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande), croix feuillue avec quadrilobe en coeur, dans un quadrilobe angle orné de palmettes et cantonné de quatre trèfles.

Notre premier Franc a été frappé sous le règne du roi JEAN II dit « Le Bon » (1350-1364).

Sur le Franc à Cheval il est représenté, donc, en armure, à cheval, l’épée haute et tient de cette façon à se représenter comme le premier des chevaliers, à la tête de sa noblesse, dans le combat afin de reconquérir l’intégrité du Royaume de France.

Car, en réalité, la création du Franc a son origine dans un événement catastrophique pour notre Nation qui aboutira à la création d’une monnaie : le Franc spécialement frappé pour le paiement d’une rançon : Celle du Roi de France.

Déjà la France avait subi la terrible défaite de Crécy contre les troupes anglaises en 1346, voilà que le 19 septembre 1356 à quelques kilomètres au sud de Poitiers, sur la commune de Noaillé-Maupertuis (Maupertuis = mauvais passage), les Français se font défaire une nouvelle fois.

Cette fois-ci, le Prince de Galles, dit le Prince Noir, conduit l’attaque contre les troupes françaises. Le Roi Jean II le Bon, qui suppose l’issue défavorable, ordonne à ses trois premiers fils, dont le dauphin Charles (futur Charles V dit le Sage) de quitter le champ de bataille et conserve avec lui son jeune fils Philippe âgé alors de 14 ans  » petit de corps, mais grand par l’âme » qui n’aura de cesse de prévenir sa père contre ses assaillants avec la très fameuse phrase qu’on lui prête « Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ». Cela lui vaudrait à la suite de cet épisode le surnom de « Le hardi ».

Malgré, tous leurs efforts de bravoure, le Roi de France Jean II le Bon et son jeune fils Philippe dit « le Hardi » (futur Duc de Bourgogne) sont fait prisonniers par les troupes du Prince Noir et emmenés en captivité à Londres.

Ils seront libérés au bout de 3 longues années et la France et l’Angleterre signeront le Traité de Brétigny le 8 mai 1360 qui sera ratifié par l’ensemble des intéressés à Calais le 24 octobre 1360. À cette occasion, il sera rappelé au Roi de France que sa rançon de 3 millions d’écus d’or, soit près de 13 tonnes d’or, devait être versée en monnaies de bon aloi.

Le territoire de la France, sera réduit considérablement à la suite de ces traités et la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Périgord, le Limousin, l’Angoumois et la Saintonge, entre autres territoires, passeront sous la souveraineté anglaise. En échange Edouard III renoncera à toute prétention sur la couronne de France (ou ce qu’il en restait…).

En garantie de la bonne exécution de l’obligation de rançon de 3 millions d’écus d’or deux des fils de Jean II le Bon ainsi que son frère, Philippe d’Orléans, sont constitués otages. Louis d’Anjou (son deuxième fils) s’étant échappé, Jean II le Bon retourne à Londres pour se constituer prisonnier pour laver l’infamie de cette fuite et meurt en captivité en 1364.

Cette paix ou plutôt cette trêve chèrement acquise pendant la guerre de cent ans (24 mai 1337-1453) durera 9 ans et ce traité sera rompu par le Roi Charles V le 18 novembre 1368…

Ainsi, il semble attesté que l’origine de la qualification de Franc pour cette superbe monnaie d’or tienne aux raisons mêmes qui ont conduit à sa fabrication : « Nous avons été  délivré à plein de prison et sommes franc et délivré de toujours » indiquait le Roi.

Le mot Franc serait donc à interpréter comme la monnaie qui devait servir à l’affranchissement du Roi, à sa délivrance et non pas comme la monnaie des Francs ou de France.

Malheureusement le Roi aura eu sa « délivrance » emprisonné et l’intégralité de la rançon n’aura jamais été complétement donnée.

Voici, donc, l’histoire tumultueuse et belliqueuse de la naissance de notre premier Franc, illustrée par cette superbe monnaie emblématique.

Laurent FELICES -SUD OUEST DETECTION-

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